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BeeCom : la boîte à outils pour une communication responsable

Cet article est le transcript et les ressources de l'épisode 41 du podcast Slow Marketing. 🎧 Voici le lien pour écouter l'épisode ! 📮Abonne-toi à la Newsletter pour ne rien louper des prochains épisodes !


"L'objectif principal de BeeCom est de fournir aux communicants des outils et des ressources pour intégrer la durabilité dans leurs stratégies." - Léa Coulomb

Dans cet épisode de Slow Marketing, Léa Coulomb, co-fondatrice de BeeCom, nous dévoile les secrets d'une communication plus éthique et durable. BeeCom est une plateforme européenne collaborative qui propose une panoplie d'outils pour aider les entreprises et les communicants à intégrer la durabilité dans leurs stratégies. Léa partage avec nous l'origine du projet, les défis rencontrés, et les étapes clés de la mise en place de BeeCom. Elle aborde également l'importance des collaborations transnationales et les KPIs utilisés pour mesurer l'impact de la plateforme.


Quelques questions abordées dans cet épisode :

  • Quel est l'objectif principal de BeeCom, et comment cette plateforme contribue-t-elle à une communication plus responsable ?

  • Quelles sont les ressources disponibles sur BeeCom pour aider les communicants à adopter des pratiques plus durables ?

  • Comment les collaborations internationales enrichissent-elles le projet BeeCom ?

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#41 - BeeCom : la boîte à outils pour une communication responsable avec Léa Coulomb


Les ressources


Le transcript

Merci à mon partenaire Scrybecast qui m'aide à générer des transcripts de qualité !


Alors aujourd'hui, je souhaitais faire un épisode sur la plateforme BeeCom, mais avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux te présenter ?

Léa Coulomb : Bien sûr, je m'appelle Léa Coulon et je suis chargée de mission en transition écologique pour l'association ESSTEAM, basée à Tourcoing, dans les Hauts-de-France. Nous œuvrons dans le champ de l'économie sociale et solidaire pour co-construire avec nos parties prenantes une société plus inclusive, solidaire et résiliente. J'ai aussi une casquette d'ambassadrice du développement durable pour le CERD, le centre ressource du développement durable basé à Los Angeles, dans les Hauts-de-France. Ce réseau de 110 ambassadeurs propose des interventions gratuites pour sensibiliser, discuter et débattre sur le développement durable avec l'ambition de favoriser le passage à l'action dans la région.

Dans le cadre de mes missions pour Estime, je développe et coordonne des projets en lien avec la transition écologique au sein de différents pôles de l'association, ou avec des partenaires locaux européens. Je travaille sur des thématiques multiples, dont la communication responsable. Mon rôle est avant tout de coordonner des compétences de spécialistes sur les thématiques ciblées pour aboutir à la création de contenus et d'outils qui accompagnent la conscientisation écologique, favorisent le développement de pratiques professionnelles plus responsables, et expérimentent la mise en place d'actions concrètes de transition. Parmi les projets que je coordonne, il y a donc BeeCom, une plateforme d'e-learning dédiée aux enjeux de la communication responsable. C'est un projet cofinancé par l'Union Européenne, porté par Estime et développé avec quatre partenaires européens experts en communication durable, que je présenterai sûrement après.


Super parcours ! Justement, est-ce que tu peux nous partager quel est l'objectif principal de BeeCom ? Comment fonctionne la plateforme et comment est-ce qu'elle contribue aujourd'hui à une communication plus responsable ?

Léa Coulomb : Oui, donc le projet BeeCom s'est donné trois objectifs principaux. Le premier objectif, c’est d’apporter au secteur de la communication des méthodes concrètes pour réduire les impacts des activités professionnelles qui y sont liées et des outils utiles sur lesquels s'appuyer. Nous constatons une demande croissante d’informations vulgarisées et facilement accessibles, ainsi que d'outils directement utilisables. Notre deuxième objectif est donc de mettre toutes ces ressources à disposition via une plateforme d'e-learning, où tous les contenus sont disponibles en open source et en plusieurs langues (français, anglais, espagnol). Cela permet à un maximum de communicants à l'échelle européenne, voire mondiale, de se former gratuitement aux pratiques de communication responsable sur les grands enjeux identifiés, de la stratégie à l'éco-socio-conception des supports, jusqu'à leur diffusion raisonnée. Enfin, notre dernier objectif, à développer vers 2025, est de créer un réseau transfrontalier d'acteurs engagés dans la communication responsable, afin de valoriser leurs expertises et outils sur notre plateforme.


Comment est née l'idée de BeeCom à la base ?

Léa Coulomb : L'idée est née au sein de l'association Estime et de son agence de communication Level Up Cluster, un atelier chantier d'insertion où la plupart des salariés sont en parcours d'insertion professionnelle. En tant que chargée de mission en transition écologique, je me suis demandé comment mettre en place une communication responsable au sein de cette agence, sachant que personne n'avait été formé à cela. Je sortais moi-même d'une formation en communication, où la question environnementale n'avait jamais été abordée, ce que j'avais trouvé alarmant face à la gravité de la situation écologique.

Quand nous avons voulu travailler sur la communication responsable à Level Up, nous nous sommes retrouvés démunis, car nous ne savions pas comment faire et les ressources étaient dispersées. Nous nous sommes donc dit : et si nous créions ces méthodologies et les mettions à disposition des communicants sur une plateforme d'e-learning ? C'est ainsi qu'est née l'idée du projet BeeCom en 2021. Pour le développer, nous avons cherché des partenaires experts en communication durable. Nous avons ainsi collaboré avec le réseau Do Not Smile, qui regroupe une dizaine d'agences engagées à travers l'Europe. Trois d'entre elles, ainsi qu'une école de communication, nous ont rejoints dans le projet. Une fois le partenariat créé, nous avons soumis le projet à Erasmus+ et obtenu un cofinancement de l'Union Européenne pour deux ans, de septembre 2022 à août 2024. Cela nous a permis de commencer un travail de fond, de recherche et d'écriture sur les thématiques identifiées, dont le résultat est aujourd'hui disponible sur la plateforme BeeCom depuis octobre 2023.


Est-ce que tu as une idée aujourd'hui, ou peut-être même au démarrage du projet, pour qui BeeCom est principalement destiné ? Est-ce que vous aviez un public cible quand vous avez développé la plateforme ? Est-ce que tu sais aujourd'hui qui sont principalement les types de professionnels ou non qui utilisent la plateforme ?

Léa Coulomb : Oui, les publics cibles sont les professionnels de la communication des secteurs privés, publics et non marchands : développeurs web, web designers, graphistes, chargés de communication, community managers, responsables marketing, etc. Nous visons également les enseignants et formateurs en communication, car il est crucial que les pratiques professionnelles responsables soient intégrées dès les cursus éducatifs. Les étudiants en communication et les personnes en réinsertion professionnelle dans le secteur font également partie de notre public cible, tout comme les auto-entrepreneurs et bénévoles d'associations, qui cumulent souvent plusieurs fonctions, dont celle de la communication. Ces publics ont un réel besoin de se former à la communication responsable.


Est-ce que tu peux nous détailler un peu plus le type de contenu et de ressources qu'on peut trouver sur BeeCom ?

Léa Coulomb : Oui, bien sûr. Nous proposons une formation en ligne autour de neuf thématiques majeures de la communication responsable, avec des conseils, astuces, exemples et données pour mieux comprendre les enjeux et adopter les bonnes pratiques. Il y a aussi 28 vidéos pour introduire les concepts clés et partir à la rencontre d'acteurs engagés pour une communication plus durable à travers l'Europe. Un guide méthodologique de 292 pages est également disponible pour explorer plus en détail les clés d'une communication plus responsable. Tous les contenus écrits sur la plateforme sont une synthèse de ce guide, qui est téléchargeable gratuitement, chapitre par chapitre.

Nous avons aussi une boîte à outils qui regroupe de nombreux outils pratiques pour mettre en place une communication responsable et en mesurer les impacts, triés par thématiques. Un exemple notable est EcoColors, un nuancier d'éco-couleurs développé par notre équipe graphiste. Ce répertoire est disponible en PDF et permet de choisir des couleurs à faible taux d'ancrage, réduisant ainsi la consommation d'encre lors de l'impression. Enfin, une bibliographie et une webographie sont disponibles pour approfondir les sujets abordés. Tout cela est gratuit, accessible en trois langues et conçu pour être éco-socio-responsable.


Combien de temps ça vous a pris pour rassembler toutes ces ressources déjà et comment vous faites pour les tenir à jour aujourd'hui ?

Léa Coulomb : Nous avons eu environ six à sept mois de travail de recherche et d'écriture, puis un temps de développement de la plateforme et d'intégration des contenus. Aujourd'hui, nous sommes en phase de maintenance de la plateforme. Nous cherchons également de nouveaux financements pour aller plus loin dans le projet. Notre objectif est de développer davantage l'interactivité de la plateforme pour un auto-apprentissage optimal.


BeeCom est un projet et un partenariat européen. Qu'est-ce qui a fait au début que vous aviez envie à l'initiative du projet, que ce soit multilingue et une collaboration transnationale ?

Léa Coulomb : Nous avons développé ce projet avec trois partenaires européens : Springtime (Bruxelles, Belgique), EcoAventis (Cordoba, Espagne), et Creative Concern (Manchester, Angleterre). Le dernier partenaire est l'IEX Academy, la principale école de communication en Belgique francophone. Ce partenariat international permet de créer un langage universel autour de la communication responsable, adaptable à chaque contexte culturel. BeeCom offre ainsi une plateforme multilingue avec des méthodologies concrètes, validées par des experts reconnus en France et en Europe, comme Thierry Libaert et Mathieu Janisch.


C'est quoi vos métriques de succès ? Comment est-ce que vous mesurez la réussite de ce projet ?

Léa Coulomb : Notre première version de la plateforme a été éco-conçue par des web designers en insertion professionnelle, renforçant ainsi les valeurs sociales du projet. Nous mesurons les impacts environnementaux de la plateforme avec des outils comme l'écoindex de GreenIT. Nous avons également réalisé un travail de nettoyage du WordPress pour minimiser son poids, en compressant les contenus et en utilisant un hébergement écologique (Infomaniac). Pour l'instant, notre communication se fait de manière organique, via nos partenariats directs, la participation à des événements, etc. Nous visons à évaluer la réussite du projet sur le long terme, une fois que nous aurons mis en œuvre l'ensemble des objectifs que nous nous sommes fixés en termes d'offres complètes et optimales de formation en ligne open source. Pour les trois prochaines années, notre travail consistera à enrichir la plateforme, tant en termes de contenu que d'expérience utilisateur.

Nous mettons aussi en place des partenariats avec des acteurs clés de la communication responsable en Europe. Par exemple, nous allons collaborer avec VO Group pour tester nos campagnes de diffusion grâce à leur outil My Impact Tool, en mesurant objectivement notre impact et en identifiant les marges de progression. Ensuite, nous allons déployer plusieurs outils d'évaluation et de reporting pour mesurer le nombre de communicants touchés et la qualité pédagogique de nos livrables, leur applicabilité professionnelle, etc.


Super, je trouve ça trop intéressant que, déjà, ton premier point dans la réponse soit dans son éco-socio-conception, et effectivement, que les KPI un peu classiques, justement, nombre d'utilisateurs, etc., viennent finalement qu'à la fin de la réponse et dans un second temps. Léa, si je te dis Slow Marketing, tu penses à quoi ?

Léa Coulomb : Slow Marketing, pour moi, ça évoque le fait de prendre conscience que le secteur et les métiers qui y sont associés ont un énorme pouvoir d'influence sur la société, et de manifester la volonté d'utiliser ce pouvoir au service d'une société compatible avec les enjeux des crises écologiques et sociales d'aujourd'hui et de demain. Il s'agit de mobiliser les talents du secteur pour faire émerger de nouveaux imaginaires compatibles avec la transition écologique et solidaire, contribuant à la généralisation de nouveaux modes de vie plus responsables, de nouvelles manières de produire, de consommer, de se déplacer, de se nourrir, etc.

Pour les professionnels, cela implique d'adopter une approche systémique en intégrant ces enjeux de dérèglement climatique, d'effondrement de la biodiversité, d'épuisement des ressources naturelles, et j'en passe, afin de mieux les faire connaître via la diffusion de récits alternatifs inspirants, par exemple. Mais cela implique aussi d'adapter leurs pratiques pour limiter leurs propres impacts négatifs sur l'environnement, via l'éco-conception des supports, par exemple.

Et pour moi, il y a également un véritable enjeu autour de l'engagement des parties prenantes dans le développement de cette approche plus durable et responsable, c'est-à-dire de faire prendre conscience à ses clients, collaborateurs, bénéficiaires, partenaires, financeurs, etc., de la nécessité de s'engager dans ces démarches. Tout cela, bien sûr, ce n'est pas une mince affaire, et justement, l'objectif de BeeCom est d'apporter des méthodologies concrètes et des outils utiles pour faciliter ces évolutions nécessaires du secteur de la communication et du marketing.


Merci, j'ai complètement aligné avec tout ce que tu viens de dire. Et dernière question, si tu devais recommander une seule action aux marketeurs et marketeuses qui nous écoutent pour adopter une démarche de communication plus responsable, ça serait laquelle ?

Léa Coulomb : Alors, peut-être pour expliquer un peu la façon dont nous avons construit le projet, chaque partenaire était responsable d'une ou plusieurs thématiques. Nous, à Estime, nous nous sommes surtout concentrés sur l’éco-socioconception graphique. Peut-être que je pourrais partager quelques réflexions sur ce sujet et proposer quelques recommandations.

Déjà, pourquoi éco-socioconception ? Cela signifie que nous ne nous contentons pas de chercher à concevoir des éléments graphiques de façon à minimiser les impacts négatifs sur l'environnement, qu'ils pourraient avoir, que ce soit en étant publiés sur le web ou imprimés, mais aussi à ce qu’ils soient le plus accessibles possible, c'est-à-dire lisibles pour le plus grand nombre. Ce qui n'est pas évident, c'est qu'il faut essayer d'appliquer ces principes tout en restant impactant, c'est-à-dire en ayant un visuel suffisamment attrayant. Ces principes, nous avons nous-mêmes essayé de les appliquer au maximum lors de la réalisation de la charte graphique du projet BeeCom, et la conclusion à laquelle nous sommes arrivés, c'est que c'est souvent une affaire de compromis.

Par exemple, pour éco-concevoir un support print, on va conseiller d'utiliser des typographies très fines, de réduire l'interlignage, de condenser les textes, etc. Tout cela permet d'utiliser moins d'encre lors de l'impression, mais aussi moins de papier. Mais en faisant cela, notre document devient beaucoup moins lisible et donc inaccessible à des personnes malvoyantes. Il faut donc constamment jongler entre les différents principes de l'éco-conception et de l'accessibilité pour trouver un juste équilibre. Cela peut être perçu comme contraignant, mais au final, c'est plus une invitation à la sobriété, un concept clé auquel on ne peut échapper quand on parle de transition écologique.

Pour donner un exemple concret du travail graphique que nous avons réalisé : en appliquant des techniques simples comme l'affinage et l’ajourage des traits, ou la suppression des aplats de couleur, nous avons pu réduire d'environ 86 % la surface ancrée de nos icônes et illustrations, ce qui permet d'utiliser beaucoup moins d'encre lors de l'impression. En plus de l'utilisation des éco-couleurs, ces couleurs qui ont un taux d'ancrage inférieur à 100 %, nous sommes clairement dans ce qu'on appelle la sobriété. Le risque, bien sûr, est que si nous appliquons ces principes à tous les graphismes, ils finissent par tous se ressembler. L'enjeu est donc de mettre notre créativité à l'épreuve, tester de nouvelles techniques pour être à la fois efficace, impactant, tout en ayant une empreinte environnementale réduite et en veillant à être accessible à un maximum de publics.

Si ce sujet en particulier vous intéresse, nous avons réalisé une vidéo sur le travail graphique mené sur la charte graphique de BeeCom. Nous détaillons également d'autres recommandations dans le guide méthodologique et sur la plateforme.


Trop bien, je partagerai la vidéo dans les ressources de l'épisode. J'ai envie d'insister sur un point que tu viens de mentionner, c'est effectivement cette question de compromis. Moi, je sais que quand je parle de marketing responsable dans des formations auprès de mes clients, il y a toujours un peu de confusion : "OK, mais je dois faire quoi exactement ? Quelle est la bonne méthode ?" Et je leur dis toujours qu'il n'y a pas de réponse noire ou blanche, il y a toujours des nuances entre les deux, en fonction de là où nous en sommes aujourd'hui, de nos objectifs, des contraintes environnementales, d'accessibilité, et de l'impact que l’on cherche à avoir avec notre campagne. Tout cela est une question de compromis, à adapter à chaque situation.


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